Est ce que le tissu léger est un bon choix ?
Texte original par Matt Gerdes et traduction par Roch Malnuit.
Le tissu ultraléger est l’une des meilleures choses qui soient jamais arrivées aux voiles de BASE, et après plus de dix ans d’utilisation sur le terrain par les clients de plusieurs fabricants, il existe une abondance d’informations sur ses caractéristiques et ses performances à long terme.
Les voiles légères sont plus faciles à plier, avec une mise en conteneur plus petit et une manipulation facilitée. Elles offrent généralement de meilleures caractéristiques d’ouverture.
Les seuls inconvénients du tissu léger sont une résistance à l’abrasion et une longévité réduites. Les parachutes en tissu léger ne durent pas aussi longtemps que les parachutes en tissu de poids standard (si vous comparez un tissu du même fabricant). L’inconvénient de la longévité peut être atténué en utilisant du Zéro Porosité sur le bord d’attaque, où les performances du tissu sont les plus critiques. Cela prolonge la durée de vie utile d’une voile légère.
N.d.A : Une voile légère convient à presque tout le monde, à presque tous les types de sauts.
Mais il existe encore quelques idées fausses. Récemment, un article a circulé brièvement, affirmant, entre autres, que le PN9 dure plus longtemps que le tissu F-111 de poids standard. C’est trompeur et découvrons pourquoi en approfondissons un peu.
Tout d’abord, un peu de vocabulaire :
PN9 : Le PN9 est un nom commercial pour une spécification de tissu, fabriqué par Porcher Sport, en France. Il s’agit d’un tissu perméable ultra léger et peu encombrant, pesant environ 30 grammes par mètre carré. Il a été initialement conçu pour les voiles de réserve en parapente.
F-111 : Est un nom commercial pour un produit abandonné il y a plus de 30 ans. F-111 est devenu un terme largement utilisé pour décrire les tissus de parachute tissés et calandrés qui permettent une certaine quantité de transfert d’air (généralement 0 ~ 3 cfm * à l’état neuf) et sont « perméables ». Plus d’informations sur le calandrage en bas de page **.
ZP : Le tissu ZP (Zero Porosity) est tissé de manière similaire au F-111, mais est enduit (généralement avec du silicone et généralement des deux côtés) pour empêcher le transfert d’air et être non perméable. Prenez du F-111, enduisez soigneusement les deux côtés de silicone à l’aide d’une raclette géante et le tour est joué. Le ZP est généralement un peu plus lourd à environ 50 grammes par mètre carré, selon la marque et les spécifications.
PN1 : C’est le nom commercial d’un tissu de style F-111 de « poids standard » fabriqué par Porcher Sport. Il est plus épais et plus lourd que PN9, à 42 grammes par mètre carré.
Le PN9 est le F-111 ou, plus précisément, le F-111 ultra-léger. En effet, le F-111 fait référence à un tissu dont les spécifications de perméabilité correspondent aux caractéristiques du PN9, et le PN9 est un tissu plus léger que le tissu standard de cette catégorie. Il existe de nombreux fabricants différents de tissus de parachute. Chaque fabricant confectionne un tissu qui rentre dans une catégorie, qui peut être définie comme du F-111 ou du ZP. Cependant, comme pour tout produit, la qualité et les caractéristiques varient selon les fabricants. Alors, comment évaluons-nous le PN9 ? Il est logique de comparer le PN9 avec un tissu de poids standard du même fabricant, Porcher Sport. Par conséquent, le PN9 de Porcher doit être comparé au PN1 de Porcher. Si nous faisons cela, alors la vérité sur PN9 est révélée. Tout autre chose compare les pommes aux oranges.
Le tissu léger, en particulier le PN9, dure-t-il plus longtemps que le tissu de poids standard, en particulier le PN1 ?
La réponse est non. Il existe de nombreuses mesures grâce auxquelles nous pouvons mesurer la longévité ou la performance d’un tissu au fil du temps. Les trois éléments pertinents pour les parachutes sont :
1. La porosité (perméabilité).
2. La stabilité mécanique (allongement, résistance à la rupture).
3. La résistance à la déchirure du tissu/résistance à la déchirure à la couture.
Comparaison du PN9 et du PN1 :
Dans chaque catégorie, le PN9 obtient un score inférieur au PN1, ce qui signifie qu’il se déchire plus facilement, devient plus poreux au fil du temps et est moins stable par rapport au PN1. Maintenant, si vous comparez le Porcher PN9 à un tissu de poids standard d’un autre fabricant, par exemple un fournisseur couramment utilisé par d’autres fabricants américains de voiles de BASE, vous pourriez trouver que le Porcher PN9 ultra-léger surpasse le F-111 de poids standard d’un fournisseur national. Cela en dirait plus sur la qualité du tissu que sur les caractéristiques du PN9, et sur la base de cette comparaison, nous ne pouvons pas dire que « le tissu léger dure plus longtemps ». Comparez uniquement les pommes aux pommes, s’il vous plaît.
Le PN9 est plus léger. Mais comment est-il plus léger et qu’est-ce que cela signifie ?
Le fil utilisé dans PN9 est plus fin (et moins résistant) que dans le PN1. Bien qu’il y ait une densité de fil plus élevée dans PN9 afin d’atteindre la couverture de surface nécessaire pour un niveau de perméabilité suffisamment bas, il contient également moins de matière totale. Et moins de matériau signifie moins de durabilité, tous les autres facteurs étant égaux.
Et la longévité ?
Le PN9 a une durée de vie plus courte. Les tests et les spécifications du fabricant sont alignés sur l’expérience sur le terrain, tous démontrant que le PN9 a une stabilité mécanique inférieure, une durabilité inférieure, une résistance à l’abrasion inférieure et une porosité plus élevée que le PN1 standard au fil du temps.
Est-ce une mauvaise chose ?
Pas nécessairement, nous devons juste en être conscients. Les voiles de BASE en PN9 se sont avérés durer des centaines de sauts lorsqu’elles sont correctement entretenues. Un bord d’attaque en ZP augmente considérablement la durée de vie des performances en maintenant un tissu stable en porosité nulle sur la partie la plus critique du profil aérodynamique. Un parachute tout en PN9 sans ZP subira une dégradation significative des performances lors des ressources aux posés, en vol, à l’ouverture et au fil du temps.
Si vous avez entendu quelque part que les voiles en PN9 « durent réellement plus longtemps » que les voiles en F-111 de poids standard, vous pouvez ignorer cette affirmation sans vous poser de questions. C’est une conclusion qui n’aurait pu être tirée que d’une comparaison entre le PN9 et un tissu de poids standard de qualité inférieure d’un autre fabricant. Cela en dirait beaucoup plus sur le tissu standard que sur la longévité du PN9. Gardez à l’esprit que la qualité du lot, la couleur de la teinture et le processus de calandrage peuvent tous avoir un impact sur les propriétés finales d’un tissu, aussi du même fabricant, donc les comparaisons doivent être précises et faites avec soin.
Alors, comment ça vole ?
Notre société collaboratrice, Ozone Gliders Ltd., a maintenant plus de quinze ans de recherche et développement dans les voiles de parapentes ultra-légères. Il est évident qu’une inertie minime de la voile, grâce à un poids plus faible, signifie de meilleures caractéristiques de maniabilité et un meilleur comportement lors des essais en vol. Bien que les voiles de BASE soient beaucoup moins performantes et beaucoup plus stables que les parapentes, il existe des similitudes. Un parachute plus léger a une maniabilité plus agile, en plus de meilleures caractéristiques d’ouverture, tous les autres facteurs étant égaux.
Comme pour les ressources et le vol, une augmentation de la porosité à mesure que le tissu vieillit dégradera les performances dans ces deux domaines. C’est une grande partie de la raison pour laquelle un bord d’attaque en ZP est si utile lorsqu’il s’agit de performances sur la durée de vie du parachute.
Comment ces choses sont-elles testées ?
Eh bien, nous pourrions laisser quelques morceaux de tissu à l’extérieur pendant tout un été, mais ce ne serait qu’un moyen simpliste de tester la solidité des couleurs du tissu (pour voir à quel point le colorant s’estompe face aux UV et aux éléments). Peu de conclusions pourraient être tirées de ses analyses, car une simple exposition ne reproduit pas une utilisation réelle.
Principalement, nous basons nos décisions sur des tests de laboratoire du fabricant (tels que Porcher Sport), combinés à des tests sur le terrain. Les conceptions de voiles SQRL sont toujours testées en charge.
Et les ouvertures ?
Une voile plus légère peut être tirée plus rapidement du conteneur jusqu’à la tension des suspentes (Line Stretch) par rapport à une voile plus lourde, avec un extracteur de même taille. Plus de masse donne une accélération plus faible lorsque la traînée est égale. Donc, vous obtenez une masse inférieure, s’il s’agit d’un tissu plus léger ou d’un parachute plus petit et de lignes plus courtes, cela signifie moins de temps pour s’étirer et donc une ouverture plus rapide.
Si vous avez entendu quelqu’un dire que « le tissu léger ouvre plus fort », vous pouvez rire un bon coup ! En fait, le contraire serait plus réaliste, en fonction de la porosité de la voile légère par rapport au tissu standard, résultant de l’âge du parachute dont nous discutons.
Si la traînée de votre extracteur est proportionnelle à la masse de la voile, alors vous vous demandez si le tissu léger à une meilleure inertie et si elle surpasse plus facilement les molécules d’air en mouvement pendant la période de gonflage, mais cela reviendrais à s’arracher les cheveux et le résultat serais des millimètres d’altitude.
Dans l’ensemble, il est inutile d’imaginer acheter une voile en tissu plus lourd pour éviter les ouvertures fortes. Une discussion sur la taille de l’extracteur serait plus appropriée qu’un changement de taille de voile.
La taille est-elle importante ?
Oh oui, elle l’est ! Attendez un peu, parlons-nous toujours de la voile ? Dans ce cas, une voile plus petite se gonflera plus rapidement qu’un parachute plus grand. Alors qu’ une voile se déploie en deux dimensions (envergure et corde), elle a moins de distance totale à parcourir pour s’épanouir qu’une voile de taille supérieure. En plus de cela, le rapport entre les d’entrées d’air et le volume interne total n’est pas le même sur des voiles de taille différente. Plus la voile est petite, moins elle devrait théoriquement avoir besoin de se gonfler. Est-ce mauvais ou dangereux, si vous êtes plus léger et sautez sur de plus petites voiles ? Non.
Mais voici quelques conseils :
Étape 1, identifiez la taille de la voile qui convient à vos objectifs de charge alaire.
Étape 2, identifiez le type de tissu qui convient à vos objectifs de saut (et de marche d’approche et de pliage).
Étape 3, identifiez la voile qui a les caractéristiques d’ouverture dont vous avez besoin pour vos objectifs.
Le type de tissu n’est pas le principal facteur à considérer lors du choix d’une taille de voile. Les voiles légères sont tout aussi utiles aux petites qu’aux grandes personnes.
Donc, je vis dans le désert et mon chien adore ma voile de BASE…
Vous avez peut-être entendu quelqu’un dire que les cactus et les animaux domestiques pourraient être un moyen de tester PN9. Nous plaidons fermement contre la maltraitance des animaux, c’est donc une bonne chose que nous n’ayons pas à utiliser un chiot pour comprendre l’origine des dommages de la résistance du tissu PN9. Il y a déjà deux tests ici : résistance à la déchirure et résistance à la rupture. Les scores du PN9 sont inférieurs dans les deux cas par rapport au PN1 (poids standard). Ne nous croyez pas sur parole, allez voir ce lien.
Qui devrait éviter le PN9 ?
Si vous atterrissez fréquemment dans des buissons épineux, pliez dans des endroits sales, atterrissez souvent dans l’eau et prévoyez de faire plusieurs centaines de sauts sur votre parachute, un voile en PN1 durera plus longtemps. Cela ne signifie pas que vous ne devriez pas choisir le PN9, mais vous devrez peut-être le remplacer plus tôt.
De plus, si vous cherchez à acheter d’occasion une voile en PN9 déjà bien utilisée, n’oubliez pas ces remarques.
Mais qu’en est-il de la porosité ?
Voilà une bonne question. Lorsque le PN1 et le PN9 sont neufs, les tests de porosité montrent des résultats identiques. Cependant, moins de matériau signifie moins de durabilité, rappelez-vous que le PN9 est fabriqué avec un fil plus fin. Avec le temps, la porosité du PN9 augmentera plus que le PN1, ce qui signifie que le PN9 ne durera pas aussi longtemps.
L’une des choses que nous savons depuis plus de dix ans sur les voiles de BASE en PN9, en plus des nombreux tests issus du parachutisme avec ce PN9 déjà très largement utilisés, est que la porosité d’un parachute en PN9 augmentera considérablement par rapport au PN1 au fil du temps. La durée de vie d’une voile en PN9 est plus courte et l’augmentation de la porosité est un facteur principal de dégradation des performances. Mais comme le tissu léger disparaît, le PN9 est plutôt bon (le meilleur même).
Qu’y a-t-il d’autre, à part le PN9 ?
Porcher Sport n’est pas le seul fabricant de tissu semi-perméable ultraléger (0-3cfm *), à faible encombrement. Et le PN9 n’est pas le seul tissu utilisé par les fabricants de parachutes pour les voiles légères. Chez Squirrel et Ozone, nous examinons fréquemment les produits disponibles et avons des relations avec plusieurs fournisseurs. D’autres sociétés au Royaume-Uni, en Allemagne, en Corée, en Afrique du Sud et au Sri Lanka produisent des tissus légers tissés qui répondent aux spécifications de la catégorie F-111. Il existe des différences subtiles, mais importantes entre les tissus de chaque fournisseur. Nous les évaluons en utilisant ces caractéristiques : porosité, résistance et stabilité. Nous prenons également en considération le volume et le poids de la matière. Lorsque tous les facteurs sont pris en compte, le PN9 reste la meilleure option globale sur le marché. C’est pourquoi nous l’utilisons exclusivement depuis le premier jour.
* – Pieds cubiques par minute
** Le calandrage est, comme décrit dans la description wikipedia vaguement générique, un processus impliquant le passage de tissu à travers des rouleaux sous la chaleur et la pression. La procédure exacte, les ingrédients et la méthode restent un secret bien gardé pour la plupart des fabricants de tissus, mais en plus de la chaleur et de la pression simples, le tissu peut être imprégné d’une émulsion ou d’une solution à base de solvant pour améliorer diverses propriétés du tissu fini. Ce n’est pas un revêtement, mais cela peut améliorer la compacité du fil.